
Qui est Sana Jaafar?
Sana Jaafar est née à Aubervilliers en 1986, d’une mère brésilienne et d’un père libanais.
Enfant, elle découvre le Liban et le Brésil et prends conscience des enjeux identitaires et sociétaux qui découlent de ses racines familiales.
Elle grandit et étudie à Paris.
Suite à un Bac S, elle poursuit des études d’arts appliqués à LISAA, puis l’EPSAA.
En 2008 quitte Paris pour les Beaux Arts de Nantes, où elle vivra et travaillera jusqu’en 2020.
En 2011 elle fait une pause dans ses études et sa pratique, en quête de savoir-faire et de posture. Elle se passionne pour l’éthologie, la génétique, la paléoanthropologie. Elle découvre le travail du fil, la couture, la broderie.
En 2016 elle ouvre un nouveau cycle et se consacre pleinement à un retour à sa pratique avec une résidence de deux ans à la Maison de quartier Madeleine Champs de Mars.
En 2018, elle présente son travail au sein de l’exposition Dernier Rite, qu’elle curate; ainsi qu’à Cosmopolis et au festival l’Art à la pointe, à Audierne.
En 2019 elle est sélectionnée pour le Clou 12, où elle présente une sélection de ses travaux. A cette occasion la Comission d’acquisition de la Société des Amis du Musée, présidée par Alain Le Provost, lui décerne le Prix des Amis du Musée d’arts de Nantes.
En avril 2021, Sana Jaafar rejoint le mouvement en exposant chez Art Mouvement Galerie.
Le projet de Sana Jaafar

«Mon travail s’articule en grande partie autour du dessin, de la peinture et de tout ce que la broderie, le tissu, la matière filée peuvent apporter de sens, de rythme, de poids, en ce qui concerne aussi bien le processus de travail en lui-même que l’impact formel de la pièce achevée. Je questionne notamment les notions d’identité, d’autoportrait, d’objectification du vivant, de spectacularisation et d’évolution.
L’autoportrait traverse l’ensemble de mon travail, il est un support de pensée et la base du protocole créatif.
Je parle de moi, mais je parle aussi avec ce « moi ». Il est un motif, un médium qui me permet de faire lien avec l’altérité, l’environnement.

Ce qui est figuré ce n’est pas moi, c’est elle. Il s’agit, pour moi, d’un mode opératoire qui permet une exploration active du lien à l’identité, autant que le dépassement de cette même identité et des stéréotypes que cette notion charrie.
J’utilise la broderie comme un outil à double entente: formellement, elle est un
ornement autant qu’un parasite, elle évoque aussi bien un élément extérieur qui viendrait se propager sur les corps et les visages qu’un élément décoratif, chargé ou non symboliquement : tatouage, enluminure.
De même, alors qu’elle tend à figer la forme, à s’inscrire en dur — matériellement — sur le support, la broderie ne cesse jamais de signifier le processus, la lenteur du mouvement, sa fragilité, sa construction patiente et minutieuse par l’aiguille et le fil — deux outils qui, à leur tour, renvoient à la médecine et donc à la science. Coudre, broder, c’est aussi recoudre, suturer, réparer.
Si ma pratique comporte une charge intime et introspective indubitable, elle ne cesse pourtant de tendre vers le dehors. Je questionne la relation au corps, et donc à son image, à ce qui le compose, ses limites et ce qui y entre, ou en sors. Un corps habité, c’est un corps ancré dans un milieu.»
Sana Jaafar, Avril 2021